Willy Cretegny veut sauver une villa historique de la destruction

Politique – Le candidat au Conseil des États s’associe à des mouvements de défense du patrimoine genevois.

La conférence de presse avait lieu devant l’entrée de la propriété.
Image : Alexandre Goumaz

La conférence de presse a lieu devant la grille d’entrée de la villa, au 11 chemin de la Chevillarde, à Chêne-Bougeries. Willy Cretegny, vigneron et candidat indépendant au Conseil des États, est accompagné de membres de différents mouvements de défense du patrimoine

Le but de la conférence est d’empêcher la destruction de la villa Rosemont, maison de maître datant du XIXe siècle, et la construction de cinq bâtiments sur la parcelle. Le projet nécessitera d’abattre une centaine d’arbres et devrait permettre de créer 212 logements.

C’est aussi l’occasion pour Willy Cretegny de parler de son thème de prédilection pour sa candidature à Berne, la maîtrise de la croissance économique. Son slogan, «Pour une prospérité maîtrisée», est visible sur une affiche à son effigie, installée contre le mur qui borde la propriété.

Une valeur patrimoniale

Le projet de construction est pour l’instant bien parti. Le plan localisé de quartier (PLQ) a d’ores et déjà été adopté par le Conseil d’État. Il ne serait cependant pas trop tard pour classer la demeure au patrimoine, ce qui rendrait nécessaire une modification du PLQ. C’est ce qu’avance Suzanne Kathari, historienne et membre de l’association «Contre l’enlaidissement de Genève». «L’État de Genève a retiré à la commune de Chêne-Bougeries son droit de préemption», ajoute-t-elle. La commune s’était en effet opposée à la destruction de la demeure.

Elle proposait un projet qui aurait permis de maintenir la villa Rosemont et ses dépendances, mais réduisait grandement le nombre de logements construits. À cause de cette réduction, le Conseil d’État avait donc interdit à la commune d’acquérir le terrain, argumentant que sa décision n’était pas suffisamment motivée par l’intérêt public.

Pour ce qui est du classement de la demeure au patrimoine, plusieurs associations ont estimé que la villa et son terrain avaient une forte valeur patrimoniale. «La décision finale revient à Antonio Hodgers, déclare Jean Hertzschuch, président de Sauvegarde Genève. Ce n’est pas normal dans une démocratie qu’une seule personne ait le pouvoir de prendre une telle décision.»

Le terrain sur lequel la villa est construite abrite un grand nombre d’arbres d’espèces différentes. Il atteste de la biodiversité genevoise, qui disparaît à vue d’œil dans les zones urbaines.

Des atteintes irréversibles

L’argument de la crise du logement n’ébranle pas la détermination des défenseurs du patrimoine. Christian Gottschall, membre du comité de l’association Pic-Vert Assprop, déplore la situation. «L’État maintient la population dans la croyance qu’il y a une crise du logement», affirme-t-il. Suzanne Kathari décrit celle-ci comme étant «savamment entretenue». «Toutes ces atteintes au patrimoine sont irréversibles, continue Jean Hertzschuch. On a les moyens, les ressources et la matière grise pour faire beaucoup mieux.»

Willy Cretegny dénonce l’utilisation à outrance du territoire pour la construction. «C’est irresponsable vis-à-vis des générations futures», commente-t-il. Selon lui, les objectifs de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) sont bafoués. Il ajoute que «la LAT n’est pas une garantie à long terme». En effet, celle-ci prévoit que les zones à bâtir soient définies en fonction des besoins prévisibles uniquement sur les quinze années à venir.

Le vigneron désire donc porter son combat à Berne. Il espère pouvoir changer la situation au niveau fédéral et contourner ainsi les dérives cantonales. «La croissance n’est pas une problématique uniquement genevoise», ajoute-t-il.

La Tribune de Genève, 02.09.2019